« Nuits dépouillées de leur nuit même, extirpées de l’obscurité et de l’ombre, jetées dans la lumière crue d’un aveuglement nucléaire. Sommeils qui ne sont plus que parodies, caricatures de sommeils, têtes maintenues enfoncées sous l’eau boueuse mais empêchées de se livrer à l’abandon des eaux profondes. Comment dormir dans un monde sans berceuse, sans refrain apaisé, sans capacité d’oubli, sans inconscience même puisque éros et thanatos circulent partout sans vergogne, vigiles sardoniques munis de fouets et de matraques ? Comment dormir dans un monde hypnotisé par la vision de sa propre absence de vision du monde autant que par l’inanité de toutes les visions qui se sont dissoutes et qui toujours, d’ailleurs, promettaient des réveils, des matins triomphants succédant à des grands soirs dans l’incendie desquels la nuit aurait été à jamais disqualifiée ? » Tombe de Sommeil