Phèdre de Sénèque

Mise en scène de Serge Lipszyc

Phèdre évoque la violence du désir impossible, un monde patriarcal qui vole en éclats, le rêve d’une nature où se lover. Sénèque explore des abîmes sans fond qui ne finissent pas de nous refléter. Guitare, batterie, basse, les instruments fusionnent pour appuyer les voix, les contraindre à parler, à dire l’indicible, l’Homme et ce qui l’inquiète: cette force sauvage qui agit en lui. La violence de Phèdre n’est pas extérieure mais intérieure. Chacun des personnages est immense, redoutable, troublant tant il nous ressemble, comme une version radicale d’une humanité qui devrait se taire et qui pourtant, nous parle.

Origines du projet

Nous avons commencé à travailler sur Phèdre en 2018. Il s’agissait alors de monter une petite forme qui ferait entendre ce récit fondateur, dans la traduction récente de Florence Dupont qui permettait de le redécouvrir avec une oreille neuve. C’était alors une rencontre entre Serge Lipszyc, Fiona Chaudon, Jean-Christophe Lauth et moi-même. Nous avions envie de créer ensemble, d’aller de l’avant. En 2021, nous avons demandé à Yann Siptrott de nous rejoindre pour incarner Hippolyte, de faire entendre ses élans pour une nature encore intacte, un monde qui ne serait pas encore tout à fait détruit. Cela s’est fait aussi dans la continuité de son travail avec Serge Lispzyc. Notre metteur en scène a su proposer une forme radicale, sans ornement superficiel. L’expérience lui a permis d’assumer un parti pris permettant d’aller à l’essentiel, de faire confiance à la force du texte.

Et aujourd’hui?

Ce qui m’a touché dans le texte de Phèdre est d’abord la relation entre les deux femmes: un partage intime, une confidence féminine. Phèdre et la nourrice partagent le secret de l’amour interdit ressenti par l’héroïne. Tout commence par là. La passion de la jeune femme est si grande qu’elle entraîne tout le monde dans sa chute. Phèdre est une héroïne dont le destin est clos, mariée de force à Thésée qui a le double de son âge, emportée sur une terre étrangère.
Son amour est essentiellement tragique, essentiellement théâtral puisque c’est avant tout un acte de parole. C’est le fait de dire son amour qui déclenche la fuite d’Hippolyte, son accusation mensongère par la nourrice; et enfin la mort de cette famille royale. Exister et mourir. Continuer d’exister malgré sa mort. Laisser une trace de ce qu’ils ont été. Tout cela repose sur une parole portée et adressée. C’est pour moi la raison intime de la représentation et c’est pour cela que je me m’attelle à faire vivre ce spectacle.

Note d’intention d’Hélène Lacoste, Responsable artistique de Plus d’une voix.

témoignage sur le spectacle

« L’on dirait une sorte d’oratorio, qui fait bien comprendre ce que pourrait être une cérémonie tragique, mais qui magnifie la littérature et crée des images très fortes dans l’esprit du spectateur. La présence très intense des acteurs n’y est pas pour rien d’ailleurs.Le format peut se jouer partout et les acteurs savent transmettre au public leur passion des mots et du théâtre provoquant de belles rencontres au service du théâtre. »
Christine Huckel-Ottenwelter, professeur de théâtre au lycée Camille See.

Soutiens

DRAC Grand Est – Région Grand Est – Ville de Strasbourg – Département du Bas-Rhin – Spedidam – Résidences et partenariats: Coproduction Salle Europe (Colmar), Comédie de Colmar (les greniers), Maison des arts (Lingolsheim), Espace Malraux (Geispolsheim), Espace Saint Grégoire (Munster), Agence culturelle Grand Est

SERGE LIPSZYC

comédien et metteur en scène

HELENE LACOSTE

comédienne

FIONA CHAUDON

comédienne et chanteuse

YANN SIPTROTT

comédien

JEAN-CHRISTOPHE LAUTH

guitariste et percussionniste

JEAN-LOUIS MARTINEAU

créateur lumières